Un soir, on était dans un bar.
Devant une Margarita, il m’a dit : « Tu veux
que je te montre des photos prises au bloc ? »
J’ai entendu : « Tu veux voir des photos trop gores
qui vont te faire flipper ? »
J’aime bien avoir peur. J'ai dit oui.
Il a pris son Smartphone, il a ouvert ses photos, les a fait défiler,
j’ai compris qu’il les sélectionnait pour voir jusqu’où je tiendrai.
Il s’est arrêté sur une photo de lui en tenue de bloc, il l’a
trouvée classe.
J’ai dit que je préférais les uniformes de pilotes, il s’est
vexé, il a regardé quelles photos me feraient regretter mes paroles.
J’ai aperçu la photo d’une infirmière hyper jolie.
J’ai dit : « Elle est hyper jolie ».
Il m’a dit : « C’est vrai ».
J’ai pris un air tranquille. J’ai demandé son prénom. Je me
suis dit que j’irai checker son profil Facebook.
Il m'a montré une photo d’équipe au-dessus d’un ventre ouvert. On aurait dit qu’ils étaient en pyjama. Il m’a dit : « Là, c’est moi ». Il avait une charlotte sur la tête, un masque sur le visage et des crocs aux pieds. J’ai repensé aux pilotes, j’ai pas insisté.
Il a poursuivi avec la photo d’un pénis.
J’ai rien vu d’horrible.
Il a pointé la tumeur dessous.
J’ai vu un truc horrible.
Il m’a dit : « J’enchaîne ? »
J’ai répondu : « Il y a pire ? »
Il a désigné un autre pénis, noir comme une chipolata brulée
au barbecue.
Il a dit que c’était à cause d’un cock ring resté trop
longtemps et qu’on avait dû lui couper. J’ai pas voulu comprendre.
Il a dit : « Il n’a plus de zizi. »
J’ai compris.
Je lui ai dit : « T’en as pas des plus
marrantes ? »
Il a entendu : « T’en as pas des plus
effrayantes ? ».
J’ai vu un cul avec une boule de pétanque sanguinolente à côté. Ça m'a fait penser à ma copine qui dit toujours « Du cul, du cul, du cul ! » quand on parle d'amour. J'ai rigolé.
Il a dit qu’il l’avait retirée des fesses du monsieur. J'ai moins rigolé.
J’ai repensé aux parties de pétanque qu’on fait dans le sud
l’été. J’ai repensé au pastis. Je me suis promis de ne plus jamais
jouer mais de continuer le pastis.
Il y avait la même photo avec une courgette. J’ai pensé au
gratin de ma mère. J’ai vu mon père en manger. J’ai effacé la photo de ma
mémoire.
À la table d’à côté, il y avait un enfant qui jouait avec le portable
de ses parents.
J’ai imaginé qu’il était notre enfant. Il n’était pas très
beau alors je lui ai inventé une autre tête.
Je l’ai imaginé dire devant tout le monde : « Papa,
pourquoi t’as des photos de zizis dans ton portable ? ».
Je l’ai imaginé dire devant la maîtresse : « Mon
papa travaille sur des zizis. »
Je me suis dit que quand on aurait des enfants, je lui
offrirai un Nokia 3210.
Bref, mon mec a des photos de cul dans son téléphone.