lundi 13 octobre 2014

Astreinte, sommeil et torsion de testicule

Vivre en couple, c'est accepter que son sommeil soit parfois brutalisé. Les causes classiques de ce scandale : une envie soudaine de câliner l'autre, ce qui est cool, ou d’uriner, ce qui l’est moins, voire un cauchemar épouvantable qu’il faut immédiatement partager (« C'était horrible, elle était là, dans le coin, avec ses huit grosses pattes velues. »). Chez moi, c’est surtout le téléphone qui fracasse le sommeil les soirs d’astreinte. 

Le principe de l’astreinte : l’interne rentre chez lui après le boulot (à la différence d’une garde) mais il reste disponible toute la nuit. Toute la nuit. Qu’il soit 1 heure, 2 heures, 3 ou 5, l’hôpital n’a aucune pitié pour ceux qui vivent avec des internes.

Officiellement détentrice du sommeil le plus léger de l'hémisphère nord, je m'éveille généralement au moment même où retentit la sonnerie de téléphone. Le médecin répond une première fois, raccroche, répond une seconde fois, re-raccroche et ainsi de suite jusqu’à 5 heures les nuits où la chance est manifestement partie faire la teuf. D’une voix plus ou moins caverneuse, il dispense des instructions hyper précises alors qu’il faisait corps avec la couette 2 minutes auparavant.

De temps en temps, la conversation s’éternise, ou même s’envenime, et je comprends que Morphée prend très clairement la poudre d’escampette.  

Moi : Naaaan mais reste, ça va passer ! 
Morphée : C'est ça ouais. J’ai croisé la chance, elle danse sur du Villalobos. 
Putain.

« Ah bon, vous faites monter le patient sans ECBU ? Et ça ne vous choque pas ? ». Choquant, ça l’est sans doute, moi j’ai juste l’impression d’assister à un débat entre élèves de Poudlard auquel je ne comprends rien. « J'ai lu quelque chose là-dessus en herbologie, filet du diable, filet du diable, à l'ombre est vivace mais au soleil grimace. Lumus Solem ! »

Ce qui va suivre ? Le combo trop fréquent relevé-rhabillé-reparti. La dernière fois, c’était pour un truc qui me dépasse, une torsion de couille. On penserait que c’est juste une couille qui s’est entortillée sur elle-même et qu’il suffit de la désentortiller délicatement. Mais non, il faut opérer parce que le testicule s’est en réalité emberlificoté sur lui-même de l’intérieur, sous la peau.

Voilà donc Happy Potter qui se lève en maugréant contre le petit de 16 ans qui pensait se pignoler tranquilou mais qui finalement pourrit notre nuit. Il est 3 heures et le médecin enchaînera avec sa journée, dès 7h45.

« J’ai les boules. » Bah fais gaffe à bien les garder à leur place.  

2 commentaires:

  1. Alors ensuite vous imaginez un médecin qui est sorti de l'Hopital (fin de ses études) mais qui fait ses gardes de secteurs et dont le conjoint est quelqu'un qui a des astreintes sécurités, intrusion, alarme froid ...., Ensuite vous rajoutez des enfants qui ont des coliques nocturnes, puis des terreurs nocturnes, puis des envies de voir si papa maman sont bien toujours là dans leur chambre ... Alors vous dites "stop" : faut que l'un des deux parents changent de cap ou de fonctionnement ...Au moins, ils sauront quelques chose de la vie ces petits monstres...

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